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jeudi 13 juin 2013

La politique moderne: #2: la démocratie, ou fabrication du consentement public, par Tristan Tremblay

   Le mot démocratie, traduit directement du grec ancien, signifie « souveraineté du peuple ». Pour le célèbre Abraham Lincoln, président des États-Unis, c’est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ». En effet, par opposition aux systèmes monarchistes ou aux dictatures, il s’agit d’un système ou les citoyens votent pour des représentants qui voteront ensuite les lois du pays.

     Mais en est-il réellement ainsi?

   Pour le citoyen moyen, nous vivons dans une période de libertés individuelles et collectives, et le système présent est probablement le meilleur jamais conçu par l’humanité. Ces opinions qui sont majoritaires dans la société d’aujourd’hui découlent d’un insidieux contrôle de la presse par les élus, ou plutôt par une minorité opulente qui contrôle elle-même nos institutions soi-disant démocratiques. Ces « sorciers du monde entier, chefs de gouvernement et responsables de grandes sociétés, ministres d’État et hommes de Dieu, experts et politiciens » pour citer la presse américaine, tirent en fait les ficelles d’une dictature économique inconcevable. Ces mêmes bourgeois qui ont mené les grandes révolutions contre la monarchie ont érigé un monde à leur image, contrôlant l’opinion publique des masses par une propagande impeccable. Les compagnies qui financent les partis politiques se sont faites maîtres des médias de masse qui informent la population. Ainsi, les grands de l’économie de marché contrôlent à la fois l’opinion publique et les gouvernements. Ce n’est donc pas le peuple qui décide des lois, et pas non plus les élus. Les multinationales contrôlent tout; du système de justice aux politiques internationales des différents États. Et les exemples ne manquent pas; il y en a une infinité! La démocratie, qui au départ était un idéal politique ou le peuple avait le choix de son avenir est devenue une corporatocracie, ou dictature des marchés financiers. Les dirigeants politiques, particulièrement aux États-Unis (et par extension au Canada), savent très bien ce qu’ils ont à perdre.

    Les élus sont le plus souvent issus de la classe aisée, et aussitôt qu’un régime démocratique veut enlever les privilèges des riches et ainsi améliorer les conditions de vie des pauvres, il est renversé par un coup d’État, et quelques années plus tard, on apprend que ce putsch a été commandité par la CIA. C’est arrivé en Bolivie, au Brésil, au Chili, en Colombie et dans d’innombrables autres pays d’Amérique du Sud et du monde entier. En effet : les riches contrôlent les compagnies. Et les compagnies sont nécessaires à l’hégémonie économique que les Américains ont sur le monde. Citons donc un des pères fondateurs des États-Unis, pays démocratique par excellence : « Quand je parle du public, j’entends sa partie rationnelle. L’ignorant et le vulgaire sont aussi peu qualifiés pour juger des modes de gouvernements qu’incapables d’en tenir les rênes. »

    James Madison, quatrième président des États-Unis, nous dit que si les élections « étaient ouvertes à toutes les classes du peuple, les droits des propriétaires terriens ne seraient pas en sécurité et une loi agraire ne tarderait pas à être votée ». Une loi agraire, c’est une loi qui divise également les terres du pays entre ses concitoyens. Le système démocratique devait donc être conçu afin « d’assurer les intérêts permanents du pays », donc d’assurer les intérêts de la minorité opulente qui le gouverne. 

    En d’autres mots, non seulement les travailleurs qui vont voter aux quatre ans n’ont aucun pouvoir, mais ils n’ont droit ni à une éducation ni à un niveau de vie similaire à la minorité gouvernante. Edward Barneys, grande figure du secteur des relations publiques américaines, dit que « la manipulation consciente et intelligente des habitudes et des opinions des masses est un élément important dans une société démocratique » et que « les minorités intelligentes doivent faire un usage continuel et systématique de la propagande, car elles seules comprennent les processus mentaux et les habitudes sociales des masses, et peuvent tirer les ficelles qui contrôlent l’opinion publique. »

     Et il en va de même pour le Canada et le Québec. Peu importe où nos votes vont, les élus n’ont que très peu de pouvoir face aux multinationales et à la machine de propagande de l’élite de notre société. La démocratie telle que définie par le dictionnaire n’a donc jamais existé. Faut-il en conclure qu’il est impossible d’atteindre le stade d’État par voie démocratique?

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