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lundi 3 juin 2013

Québecor Média, ou le monopole de la propagande au Québec, par Colombe Claveau

      « La propagande est à la démocratie ce que la matraque est pour l’état totalitaire. » — Noam Chomsky, Propagande, médias et démocratie.

        De tous les temps que nous avons traversé, nous sommes présentement dans la période où l'information aura été le plus accessible aux populations. Nous pouvons voir en direct des conflits se déroulant sur n’importe quel continent, des débats politiques, des reportages sur la guerre, sur l’histoire et sur à peu près n’importe quoi. Bref, nous n’avons qu’à ouvrir notre télévision ou notre ordinateur afin de bénéficier de toute cette technologie informative et d’enrichir nos connaissances. Malgré tout le potentiel informatif des médias, ne vous a-t-on jamais dit de vous méfier de ce qu’on entend à la radio ou à la télévision? Ne trouvez-vous pas que les médias exagèrent parfois, ou omettent volontairement des faits afin d'orienter notre opinion dans un sens particulier? Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les États-Unis ne sont pas le seul État soi-disant moderne où les médias servent d’objet de propagande et de forgeurs d’opinions biaisées. En effet, les médias ne sont utilisés qu'à fin de propagande partout à travers le monde. La problématique majeure en ce qui concerne les médias au Québec est qu’ils sont trop souvent contrôlés par les mêmes personnes, ce qui entraîne un grand manque de diversité et surtout d’objectivité dans la diffusion de l'information. Au Québec, le principal télédiffuseur et propriétaire des quotidiens les plus populaires auprès de la masse est Québecor Média. Ce monopole de l'information entraîne la commercialisation des nouvelles à l’insu de la diffusion objective. Au Québec, l’information est menacée par l’empire grandissant des Péladeau (père et fils) qui monopolise la diffusion de l’information à travers la province. Québecor a une influence immense sur le milieu culturel, économique et politique, et ses dirigeants ne s’en cachent pas: sur le site web de la filiale, on peut accéder à une liste des entreprises que possède la multinationale.

    « Québecor Média inc. regroupe plusieurs centres d’affaires surtout au Québec et dans le reste du Canada. La plupart des entreprises qui composent cette filiale sont des chefs de file dans leurs secteurs d’activité respectifs :
— Vidéotron ltée, premier câblodistributeur du Québec et troisième du Canada, et seule entreprise sur son territoire à offrir tous ses services de télécommunications via son réseau à large bande : télédistribution, accès Internet et téléphonie résidentielle et d’affaires;
— Corporation Sun Media, le plus grand éditeur de journaux au Canada;
— MediaPages, le guichet unique où sont consolidées toutes les activités d’annuaires en ligne de Québecor;
— Groupe TVA, le plus important télédiffuseur privé de langue française d’Amérique du Nord;
— Canoe.ca, l’un des plus importants réseaux de portails généralistes et spécialisés en langues française et anglaise du Canada;
— TVA Publications inc., le numéro un de la presse magazine au Québec;
— Groupe Livre Québecor Média, le plus important groupe d’édition de langue française au Canada;
— Groupe Archambault : le plus grand réseau de disquaires de l’est du Canada;
— Distribution Select : le plus important distributeur indépendant de musique et de vidéos du Canada;
— Le Superclub Vidéotron ltée la plus grande chaîne de location et de vente de vidéo loisir du Québec;
— Nurun inc., un chef de file international du conseil en interactivité;
— Gestion Studios Bloobuzz S. E. C., un studio de jeux vidéo de renommée mondiale »
Source : http://www.quebecor.com/fr/content/quebecor-lentreprise

       Comme vous pouvez le constater, Québécor est l’éditeur de journaux le plus important dans tout le Canada et ses entreprises sont partout dans le domaine culturel. C’est un empire qui n’a pas honte de son pouvoir, et qui va même jusqu’à s’en servir afin d’imposer ses volontés au gouvernement (comme nous le verrons un peu plus loin). Québecor c’est aussi le bas de laine de 45 % des Québécois, d’ailleurs c’est en se servant de l’argument de ces actionnaires nombreux que Pier-Karl Péladeau affirme que « travailler pour Québécor, c’est travailler pour le Québec tout entier », confondant les intérêts de cette entreprise avec ceux des Québécois, ce qui est une généralisation dangereuse (voir article sur le lobby pro-israélien).

        Le 15 octobre 2007, un palmarès des personnalités les plus importantes dans le monde de la culture au Québec a été rédigé par le Journal de Montréal et le Journal de Québec. Pourtant, dans les deux journaux, les résultats du palmarès divergeaient. Plus tard, on apprit que les spécialistes engagés pour rédiger le palmarès avaient tous démissionné, disant qu'ils ne pouvaient plus supporter les obligations de leur patron. Des enquêteurs découvrirent que les choix des personnalités et leur placement dans la liste avaient été modifiés afin de correspondre à la faveur populaire de chaque ville. C’est pourquoi le palmarès n’était pas exactement le même pour les deux journaux. Malgré le fait que l'on entend souvent que les employés de Québécor ont d'excellents salaires en comparaison du salaire minimum au Québec, un récent sondage fait auprès de ceux-ci démontre que la majorité d'entre eux se sentent oppressés par leur employeur qui les contraint à se soumettre à de nombreuses restrictions quant à leur liberté d’expression, entre autres la modification des nouvelles quelques minutes à peine avant leur impression/diffusion. Cela cause chez ces employés un fort taux de détresse professionnelle et une hausse notable du stress engendré par le travail. Ces mêmes employés ont confié qu’ils avaient l’impression que ce sont toujours les mêmes personnes et les mêmes entreprises qui sont les cibles d’attaques médiatiques de leur employeur. En effet, un bref examen des titres des principaux journaux de Québecor montre que la FTQ, la famille Desmarais, La Presse ainsi que Radio-Canada sont les plus souvent touchées par ses infâmes diffamations. Par exemple, cela fait à peu près 3 ans que TVA ne fait plus passer les annonces de la FTQ durant la période des REER, puisque Québécor s’est mis à exiger que la FTQ achète en plus de la publicité dans le Journal de Montréal qui étaient alors en lock-out (lock-out, rappelons-nous, pendant lequel l'entreprise à fait preuve d'un mépris révoltant face a ses employés).

          À l’inverse de ces actes dérisoires, on constate que dans tous les médias de Québécor l’entreprise est mise sur un piédestal. Des premières pages ayant comme titre « Péladeau, un modèle? » ou « Vidéotron la plus admirée » sont souvent publiées afin d’aider à construire une opinion positive de l’empire Québécor dans la tête des lecteurs. Pourtant, ce ne sont pas toujours des articles aux sources fiables qui placent Québécor en premier plan de l'actualité québécoise. Par exemple, les résultats d’un sondage Léger Marketing plaçant la filiale Vidéotron en première position des entreprises les plus admirées par les Québécois ont été publiés dans le Journal de Montréal. Pourtant, l’intégrale du sondage, publié dans le journal « Les Affaires » montre que Vidéotron n’arrive qu’en 102e place des entreprises les plus admirées au Québec. Il n’est premier que parmi les télédistributeurs. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’autopromotion et de la distorsion des informations qui sont des phénomènes de plus en plus évidents au sein de l’empire Péladeau. Mais en ce qui concerne la concentration des médias au Québec, il n’y a pas que Québécor qui y joue un rôle important. Gesca, CBC/SRC et Québécor comptent pour plus de 83 % de toutes les nouvelles consommées par le Québec tout entier. Québécor domine avec 37 %, CBC/SRC 24 % et Gesca 22 %. J’ajouterais qu’en ce qui concerne les nouvelles servant les intérêts de son entreprise, Québécor est en tête de liste avec plus de 55 % de ses nouvelles qui touche ses intérêts; c’est plus que la moitié du contenu.

          Sortons un peu du Québec et allons voir les dégâts que l’empire fait à travers le Canada anglais. Le 30 mars 2009 à New York, le premier ministre du Canada, Stephen Harper, accompagné par son directeur des communications Kory Teneycke a une rencontre qui n’est pas à l’horaire officiel. En effet, ils s'en vont rencontrer le baron de la presse internationale: Rupert Murdoch, propriétaire de la chaîne d'information qui décrédibilise le plus le métier de journaliste, Fox News. Quatre mois plus tard, Kory Teneycke quitte le bureau du premier ministre et est engagé par Québecor afin de créer le réseau de nouvelles Sun News, surnommé par plusieurs le « Fox News du Nord ». « Nous nous attaquons à la rectitude politique, nous ne serons pas une télévision d’État aux nouvelles ennuyeuses produites par des fonctionnaires pour l’élite aux frais des contribuables » affirma Kory Teneycke lors d’un point de presse précédant l’ouverture officielle de Sun News. La chaîne détient déjà le record du plus grand nombre de plaintes logées au Conseil canadien des normes. Ces plaintes sont en rapport avec les attaques des animateurs envers des personnalités québécoises. En effet, lors d’une entrevue avec la danseuse canadienne Margie Gillis, qui venait de recevoir un prix du gouverneur général pour l’ensemble de sa carrière de 39 ans, l’animatrice de Sun News ridiculisait sans gêne la danseuse. Elle lui reprochait entre autres de profiter de l’argent durement gagné des contribuables, et de ne pas avoir de réel talent en danse. Peu de temps après, ce fut au tour du ministre du Patrimoine James Moore d’être attaqué par la même animatrice, car il défend les subventions aux artistes. Malheureusement, il n’est pas au bout de ses peines, car c’est une cible régulière du réseau Sun News puisque son ministère est responsable de CBC/SRC. Encore plus choquant encore, un animateur de Sun News a porté une perruque orange à la suite des funérailles du chef du NPD Jack Layton dans le but de rire de l’importance que CBC lui avait accordée. « L’influence des empires médiatiques est telle qu’elle manipule la police et la politique. » — Affirme Richard Gitzberg, Journaliste à Aljazeera English. Ce journaliste nous met en garde que les risques de dérives démocratiques sont grands considérant l’emprise qu’a Québécor ainsi que son refus constant d’accepter les mêmes règles d’éthique que le reste de l’industrie.


        Plus actuellement, il y a eu la scandaleuse histoire de l'amphithéâtre de Québec. Le gouvernement avait affirmé qu’il débourserait 200 000 000 $ et la ville de Québec presque autant d’argent dans l’espoir de ramener les Nordiques. Pourtant, Pier-Karl Péladeau affirme lui aussi participé à la construction de l’amphithéâtre, alors qu’en réalité il ne donne pas d’argent directement à la construction de l’édifice, il ne fait que payer pour voir son nom inscrit sur l’immeuble, et il s'est donné le droit d'en être l’unique locataire pour un minimum de 25 ans. Cette entente, bien que ridicule, passa en commission parlementaire, où Régis Labeaume et Pier-Karl Péladeau ont tous deux plaidé pour l’adoption d’une loi spéciale, afin de mettre l’entente qu’ils ont conclue à l’abri des tribunaux, sans appel d’offres. Cette loi, appelée loi 204, fut adoptée avec le vote de la chef péquiste Pauline Marois, mais le malaise qui en découla lui coûta plusieurs membres de son parti. Ces derniers, qui démissionnèrent en signe d’opposition à l’adoption d’une telle loi, sont toujours manquants à l'appel. Bref, en ce moment, c’est presque toute la ville de Québec qui est contrôlée sur le plan médiatique par Québecor Media. Cela montre le poids inquiétant qu’a l’empire sur le gouvernement. Cette situation en inquiète plus d’un: en effet plus de 80 % des députés sont inquiets de la trop grande concentration des médias au Québec. Saviez-vous qu'une autre filiale de Quebecor Media, Nurun inc., est une importante agence de technologies et de communications interactives au Canada, aux États-Unis, en Europe et en Asie? Ne trouvez-vous pas que l'entreprise Péladeau commence à prendre une expansion inquiétante, et qu'il va trop loin en ce sens ? Il est important pour un peuple qu’il reste constamment sceptique et que le doute quant à l’information qu’il reçoit via les médias reste toujours aussi fort, surtout lorsqu’il s’agit de Québecor. Car comme vous avez pu le constater, pour eux il n’est pas question de diffusion objective de l’information, mais bien de commercialisation. Cela nous amène vers une société ou l'information est réduite au rang de simple marchandise. Est-ce vraiment le reflet de Québecor que nous voulons voir à travers le peuple québécois?


       Sources : http://www.marketwire.com/press-release/Quebecor-Media-elargit-son-reseau-de-distribution-et-de-journaux-regionaux-et-acquiert-TSX-QBR.A-1390418.htm http://www.radio-canada.ca/regions/Quebec/2011/09/20/005-rentre-debats-projet_204.shtml http://www.ledevoir.com/societe/medias/312156/quebecor-un-bilan-ethique-et-democratique-entache http://www.cbc.radio-canada.ca/fr/centre-de-presse/2010/12/02/

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