Lac-Mégantic. Petite municipalité tranquille du Sud-est québécois. Dans la nuit de vendredi à samedi, le temps s’arrête. Un train de la Montreal, Maine & Atlantic Railway (MMA) dont les 73 wagons sont remplis de pétrole et autres substances inflammables explose en plein milieu de la ville. La journée suivante, le Québec entier est en deuil. Une catastrophe qui a peu d’équivalents dans l’histoire québécoise. Dès les premières analyses de la chronologie de la catastrophe, l’erreur humaine sera pointée du doigt. En effet, le conducteur aurait oublié d’activer les freins du véhicule, stationné en haut d’une pente de 13 kilomètres de profondeur qui mène au cœur de la ville. Ce matin, dans Le Soleil, on apprend que le PDG de la compagnie mère (Rail World) pointe du doigt les pompiers, qui auraient facilité l’incendie à coup d’erreurs logistiques.
Foutaise!
La catastrophe vue de l'espace, photo de la NASA |
Si demain matin, un corps est trouvé criblé de balles au centre ville de Montréal, et que les spécialistes en balistique de la police démontrent sans l’ombre d’un doute que les balles provenaient d’un fusil enregistré a votre nom, on vous arrêtera immédiatement pour vous interroger et subtiliser ce jouet dangereux de votre possession. Et la plupart des gens, incluant moi, trouvent ça tout à fait logique.
Comment se fait-il donc que le PDG de la MMA et celui de la Rail World ne soient pas en train d’être interrogés par la SQ et la GRC en ce moment même? Ils sont pourtant les propriétaires humains de ces compagnies, qui causent des morts.
Pas des dégâts environnementaux, même s’ils sont déjà assez graves lorsqu’ils surviennent. Des morts. Des dizaines de morts. Présentement la SQ n’en dénombre que 13, mais la cinquantaine de personnes manquant toujours à l’appel nous laisse facilement deviner la suite.
Edward Burckhardt |
Par-dessus tout ça, on apprend aujourd’hui qu’Edward Burckhardt, PDG de la Rail World, celui-là même qui refuse toute responsabilité en la mettant sur le dos des autorités locales est le père de la ‘’one-man crew’’, une doctrine visant à informatiser les systèmes des trains pour qu’un seul homme soit nécessaire pour les faire fonctionner. Tout ça, pour vouloir sauver de l'argent à une compagnie qui fait déjà des millions en profits annuellement. Vendredi soir, celui qui était responsable du train était assoupi dans un hôtel au moment de la tragédie. Doit-on le blâmer, comme feront probablement plus tard ses patrons? Non. Va-t-il s’en vouloir toute sa vie pour ce tragique incident? Bien sûr. Il ne m'est même pas nécessaire d'ajouter que la MMA est connue pour son lot d'accidents, partout ou ses trains sont en opération
Mais qui est vraiment à blâmer pour ces pertes de vies humaines? Les compagnies responsables, et leurs normes de sécurité ridicule. Comment peut-on possiblement laisser une bombe de cette ampleur à proximité d’une ville, en marche et sans surveillance? Les dirigeants de ces entreprises devraient passer le restant de leurs vies en prison pour négligence criminelle, mais à l’insignifiance de notre système judiciaire, il est plus probable qu’ils aient à verser le montant d’une amende qui n’équivaudra même pas à 10% de leurs profits annuels.
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