Je
profite donc de ce jour de commémoration solennelle pour écrire un premier
article dans le cadre du nouveau média libre, ‘’L’Activiste’’. En effet, il y a
des souvenirs dans l’esprit d’une nation qui ne peuvent être enterrés, quand
même bien les fédéralistes et autres ennemis du peuple québécois se démèneraient
corps et âme pour le faire. Le Robert nous dit : ‘’ Le sens moderne de nation est assez proche de celui de peuple, mais ajoute
souvent l'idée d'État (souhaité, autonome ou indépendant). ‘’ Dans un
tel cas, notre nation pourrait être définie par un peuple de langue et
d’origine (si lointaine soit-elle) françaises, par opposition à la marée
anglo-saxonne qui nous entoure depuis quatre siècles. Par contre, notre état
nous a lâchement été volé en 1760, lors de la conquête de l’Amérique du Nord
française par la couronne britannique. Alors les Anglais décidèrent de tuer
notre culture en plus de contrôler notre état, seule façon pour eux de
s’assurer une paix durable en Amérique du Nord. Mais très rapidement, la guerre
d’indépendance américaine vint tout changer. Les Américains (qui n’étaient
encore à cette époque que des colons britanniques) décidèrent de se rebeller contre
le pouvoir désuet de la monarchie. Nos maitres anglo-saxons, savant fort bien
le risque élevé que le vaillant peuple québécois rejoigne cette rébellion tout
à fait justifiable, ont donc décidé de nous amadouer. Par la religion, opium du
peuple, et surtout par l’Acte de Québec, qui nous donnait des libertés
illusoires, les autorités anglaises réussirent à garder le calme sur la terre
de notre peuple. Le clergé, qui a toujours été le premier complice de nos geôliers,
était bien sûr là pour encourager fortement le calme et la soumission. Calme et
soumission qui ne nous mèneront nulle part, sinon dans le monde absurde où
notre nation évolue encore aujourd’hui. Après la révolution américaine arriva
la Révolution française, époque qui vit la fin de la monarchie absolue et aussi
des ambitions colonialistes françaises, du moins en Amérique.
Bref, nous avons été conquis,
dépouillés de nos terres, et amadoués lorsque le besoin s’en faisait sentir. Il
faudra attendre les années 1830 que nous nous révoltions pour la première fois.
En effet, c’est un problème de représentation qui nous poussera à prendre les
armes. Notre parlement, à cette époque, comptait le même nombre de députés
anglophones que de députés francophones, pour une population largement
francophone. Louis-Joseph Papineau, a la tête du légendaire Parti patriote
depuis 1826, participe au comité qui rédige les 92 résolutions, qui seront
adoptées par le parlement en 1834. Ces revendications seront les premières de
notre histoire à faire valoir notre droit incontestable sur nos terres et notre
état politique. Ces résolutions seront rejetées du revers de la main par
Londres, entraînant ainsi une rébellion armée d’une partie du peuple québécois.
Remportant une seule victoire contre l’armée anglaise a Saint-Denis le 23
octobre 1837, mais les Fils de la Liberté seront écrasés par les Anglais à
Saint-Eustache le 14 décembre. C’est ainsi que prit fin notre première lutte
pour notre liberté. À ce point, les Anglais détenaient 753 prisonniers dont 99
furent condamnés à mort par le tribunal. Le général Colbourne ordonne donc
l’exécution publique de douze d’entre eux. Cette pendaison aura lieu devant la
prison montréalaise du Pied-du-Courant, devant une foule de milliers
d’anglophones enthousiasmés. Les noms des douze macchabées suivent :
— Joseph Duquette, membre des Fils de la Liberté, 22 ans
— Pierre Théophile Decoigne, patriote extrémiste, qui sera
pendu sans preuve à l’appui, 30 ans
— François-Xavier Hamelin, lieutenant dans l’armée de
résistance, 23 ans
— Joseph Jacques Robert, cultivateur de 54 ans, père de 2
enfants, capitaine dans la milice
— Amable Daunais, qui prononça la condamnation à mort d’un
espion anglais, 21 ans
— Ambroise et Charles Sanguinet, frères cultivateurs de
Saint-Philippe, 38 et 36 ans
— Francois-Marie-Thomas
de Lorimier, descendant d’une
famille noble, 30 ans et père de trois enfants, mort en s’écriant : ‘’ vive la
liberté, vive l’indépendance! ’’
— Pierre-Rémi Narbonne, qui se débattit et agonisa pendant
près d’une heure devant les applaudissements de la foule anglo-saxonne
— François Nicolas, 41 ans, monta sur le gibet en déclarant
: ‘Je ne regrette qu’une chose, c’est de mourir avant d’avoir vu mon pays libre,
mais la providence finira par en avoir pitié, car il n’y a pas un pays plus mal
gouverné dans le monde’
— Charles Hindelang, général de l’armée de résistance, 29
ans.
Alors lorsque comme chaque année
depuis 10 ans arrive le jour férié des patriotes, souvenez-vous du 15 février
1839. Ce jour ou douze résistants ont été pendus, avec comme crime d’avoir
voulu défendre leur pays, leur nation, leur terre adorée. Lorsque reviendra le
moment de prendre les armes, dans 100, 200 ou peut-être bien 20 ans, souvenez-vous
de ceux qui sont morts pour votre liberté. Car le cours de l’histoire nous
enseigne que tout pays contenant plusieurs nations finit un jour ou l’autre par
s’écrouler dans la guerre civile.
-Marcel Tessier raconte notre histoire, éditions Québec Loisirs
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